You don't speak french?

dimanche 29 janvier 2012

Réponse aux propos de Trankil du 29 janvier 2012 à 10 heures 02


29/01/2012 à 20h33
 
Trankil, vous prenez sans doute votre cas pour une généralité, parce que nous connaissons parfaitement nos origines, et nous ne les renions pas, nous.
En revanche, vous, vous n'hésitez pas à vous fabriquer une histoire d'ancêtres résistants alors qu'en vérité ils ont soutenu à fond le colonisateur français, largement contribué à détruire les villages kanak de l'endroit, en particulier ceux des Kambwa, et à les décimer.
Le pire, c'est qu'aujourd'hui, pour vous refaire une virginité, vous n'hésitez pas à usurper leur identité...
Avez-vous donc oublié votre véritable nom de clan, celui qui est masqué par votre nom "inventé"?
Vous connaissez votre généalogie comme vous plantez le taro, comme vous parlez le kanak et surtout comme vous faites la coutume: à votre manière, bien surprenante.
Vous vous dites Kambwa, descendant de Kuindo, ce que vous n'êtes pas, alors que l'endroit que vous squattez avait pour chef Kandio, avant votre arrivée du Nord... Un peu confus votre discours inventé.

29/01/2012 à 20h58
 
Testard/Trankil, vous devriez sérieusement demander à rencontrer le Grand Chef Djumwâ, pour qu'il vous donne quelques rudiments de coutume kanak, de généalogie, de langue, de culture, et d'agriculture kanak, de façon à ce que votre vernis s'enlève un peu moins vite lors de vos prochaines prestations publiques.
Parce que franchement, envoyer de vilaines invitations (même pas de beaux cartons comme chez les Blancs) pour un mariage, ça ne se fait pas tellement, chez les vrais Kanak !
Et laisser les oncles utérins parmi les invités, quelle manque de savoir vivre ! Même chez les Blancs, ça ne se fait pas !
Pas étonnant qu'ils se soient levés et qu'ils soient partis ! Il parait que vous étiez fort contrarié ?

jeudi 5 janvier 2012

La paix est une case qu'il reste à construire (les Infos du 24 septembre 2004)

Lettre ouverte (Droit de réponse)

LA PAIX EST UNE CASE QU’IL RESTE À CONSTRUIRE

Faire débuter l’histoire des peuples présents en Nouvelle-Calédonie à compter du 24 septembre 1853 revient quelque part à réduire cette histoire à une maigre portion : c’est dire qu’elle aurait débuté avec le drapeau français (les Européens n’étaient-ils pourtant pas présents avant cette date ?) et que tout ce qui précédait n’existait pas. C’est également affirmer le contraire de ce que rappelle pourtant clairement l’accord de Nouméa, pacte signé dans une démarche de paix et impliquant divers protagonistes, adversaires par ailleurs en raison de leur histoire respective.

Les clans kanaks, « privé de leur nom en même temps que de leur terre » comme le rappelle bien l’accord de Nouméa, n’ont pas signé cet accord, les Kanaks sensés les représenter ayant pris la fâcheuse habitude de les ignorer superbement du haut de leur piédestal. Personne ne saurait donc les représenter à leur insu : ni les chefferies administratives, gadgets coloniaux destinés à renforcer le contrôle de l’État français sur le monde kanak -de même que les tribus qui résultent des différentes politiques de cantonnement, ni les partis politiques et encore moins les églises, complices directes des spoliations et divisions.

Prétendre aujourd’hui qu’un poteau planté à la va vite après un circuit express établi en dehors de la coutume est « un symbole kanak au milieu de la ville blanche » est prématuré, risqué et contraire à l’esprit et à la lettre de cet accord auquel il est pourtant aujourd’hui de plus en plus « politiquement correct » de se référer : ce poteau ne saurait à lui seul, tant linguistiquement que coutumièrement, représenter aucune maison en pays Naa Drubéa : aurait-on idée d’appeler « immeuble » les poutrelles métalliques d’une construction ?

Par ailleurs, les motivations de son installation restent discutables : le manque absolu de symboles identitaires, six ans après la signature des accords de Nouméa, justifie-t-il les mascarades cérémonielles liées à la promenade d’un poteau solitaire ? Arbre mort déjà fendu cachant la forêt de toutes les promesses non tenues depuis la signatures des accords de Matignon par les signataires mêmes (16 ans s’il vous plaît), à commencer par la restitution des terres coutumières. Quelles superficies de ces terres ont-elles été restituées aux clans propriétaires traditionnels depuis ? Quelle part a d’ailleurs été restituée par les collectivités contrôlées par les Kanaks (2 provinces et plus d’une dizaine de communes) ? Quelle réflexion a-t-elle été menée par les intéressés sur les « nouveaux mécanismes juridiques et financiers pour répondre aux demandes exprimées au titre du lien à la terre, tout en favorisant sa mise en valeur (…) », ceci en vue d’atteindre « la pleine reconnaissance de l’identité kanak » (Accord de Nouméa. Article 5. Alinéa 4). Que font l’ADRAF et le sénat dit coutumier ?

Se glorifier de l’existence d’un symbole vide de sens revient à mettre la charrue avant les bœufs et à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il est en effet facile de parler de « tourner la page », de « passer à autre chose » lorsqu’on n’a subi aucun préjudice !

Le vrai symbole kanak au milieu des villes blanches sera le rétablissement des chefferies traditionnelles sur leur tertre d’origine et rien d’autre, conformément à l’esprit et à la lettre de l’accord de Nouméa. A Nouméa, il s’agit de la chefferie KAMBWA WECHO PWEYTA, représentée en 1853 par la grand chef KWINDO, assassiné en 1858 après avoir combattu ceux qui ont détruit les villages de son pays et repoussé ses sujets jusque dans les montagnes, ceci dans une logique bien connu de nettoyage par le vide. Que ceux qui ne connaissent pas l’histoire de ce pays s’y penchent et que les autres se taisent. Avec qui PADDON a-t-il en effet passé un accord pour occuper NÉ DU (l’île Nou) : KWINDO. A qui les Français prétendent-ils avoir présenté l’acte de prise de possession signé le 16 août 1854 : KWINDO. A qui les missionnaires se sont-ils adressés dans le but d’occuper ce qui allait devenir les réductions de La Conception et de Saint-Louis ?: KWINDO. Qui verra se dresser contre lui et les siens les troupes françaises soutenues par la compagnie des soldats indigènes, un commando polynésien, et quelques Kanaks en mal de revanche : KWINDO. A qui prendra-t-on ses enfants en otages afin de tenter de le forcer à capituler : KWINDO. L’argument selon lequel les KAMBWA seraient eux-mêmes des envahisseurs ne tient pas la route, tant dans le droit kanak que français ; les KAMBWA étaient en effet les maîtres incontestés de leur pays au moment de la prise de possession par la France et l’Eglise.

« Le passé a été le temps de la colonisation, le présent est le temps du partage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun ». (Accord de Nouméa. Article 4. Alinéa 7).

Encore faudrait-il joindre le geste à la parole. La paix est une case : elle se construit, selon des règles bien précises et à plusieurs ; elle ne se décrète pas comme un poteau que l’on plante à la sauvette. L’accueil des derniers arrivés ne pourra se faire sans la reconnaissance préalable des uns -les premiers venus, ceux qui ont tout perdu. La paix est une case qu’il reste à construire, faute de quoi aucun avenir durable ne sera possible ensemble. Le poteau dit « Mwaka » est quant à lui un élément bancal d’une construction bâtarde sans lien avec la terre où il se trouve.

En attendant, les KAMBWA ont demandé à être reçus par l’équipe incarnant le changement fin d’exposer leurs griefs et n’ont à ce jour pas eu de réponse ...